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Thoiry a plus d'un demi-siècle

13 février 2022 Ancienne / Ancien
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A Thoiry, le couple de la Panouse fait durer le zoo depuis un demi-siècle

Paul de La Panouse (Coteau : 1956 - 1961) fondateur parc zoologique célèbre notamment pour son safari en voiture revient sur son histoire avec son épouse Annabelle, l’ancien mannequin américain croisé dans une soirée mondaine parisienne.

Mais d’où vient ce rire étonnant ? Dans ce salon guindé d’un immeuble bourgeois parisien, Paul de la Panouse marque un temps d’arrêt. Il s’apprête à quitter cette soirée ennuyeuse, où la fatuité se mêle à la suffisance, quand un rire l’arrache à ses pensées. Le châtelain fait demi-tour, cherche au milieu des convives encravatés l’origine de ce délicieux éclat et finit par croiser, interdit, le regard d’une grande américaine à la silhouette parfaite. Nous sommes en 1969 et le patron du zoo de Thoiry vient de rencontrer sa future femme.

Cinquante-trois ans plus tard, c’est au coin de la cheminée, dans le château familial de Thoiry (Yvelines), loin des ors haussmanniens, que le couple reçoit, à quelques jours de la Saint-Valentin. Tous deux ont accepté d’évoquer leur histoire d’amour qui, depuis, un demi-siècle promène sa singularité dans les allées de la savane africaine, louvoie au milieu des tigres et des lions.

C’est d’ailleurs grâce à eux que tout a commencé, se souvient Paul, 78 ans. Avant de quitter cette soirée, je lui ai laissé ma carte de visite en lui disant « mademoiselle, quand vous revenez à Paris, venez voir mes lions ! »

A l’ouverture du safari, « il y avait des bouchons jusqu’à Bois-d’Arcy »

À l’époque, Paul de la Panouse, qui souffre déjà d’une boiterie prononcée, n’a pas la suffisance et la certitude des jeunes nobles au port altier qui tentent de séduire le top-modèle américain. Mais il a l’intelligence vive et l’excentricité des aventuriers.

Et puis, il est la star du moment. « Je venais d’ouvrir le parc safari. Il y avait des bouchons jusqu’à Bois-d’Arcy à cause des visiteurs ! Nous refusions du monde. » Elle qui sort d’un mariage raté avec un prince iranien tombe vite sous le charme : « Je le trouvais marrant, cultivé. » Il a craqué sur la belle américaine : « Elle était belle, évidemment, et brillante ».

Annabelle reviendra voir les lions. Et finira par s’installer dans le château de la famille de La Panouse. Elle quitte régulièrement le confort sommaire de la Renaissance pour des « shootings » dans le monde entier. Lui, arpente l’Afrique, à la rencontre des animaux qui peupleront son parc.

Le zoo a été inauguré en mai 1968 en présence de journalistes du monde entier. DR/ZooSafari de Thoiry

Quand il rentre, il joue du piano, dévoile une partie de son immense culture. Elle l’épate par sa finesse d’esprit, elle aménage la bibliothèque Charles X avec goût. « Le secret de l’amour, c’est la tendresse. C’est-à-dire faire attention à l’autre, louer l’autre, être heureux de sa réussite, le glorifier », dit Paul de Panouse. « Aimer, c’est avoir l’intelligence de comprendre que l’amour se construit », embraye-t-elle.

Couple à la mode qui surmonte les difficultés

Ce lien leur permettra d’affronter les difficultés. Après la naissance de leur fille Colomba, en 1973, vient celle d’Edmond, en 1978. Ses premiers pas sont aussi les premières angoisses des époux. Il tombe. Trop souvent. Des médecins sont consultés. Les faux diagnostics succèdent aux interprétations les plus folles. Mais on ne sait toujours pas pourquoi Edmond chute.

Il faudra un ultime rendez-vous à l’hôpital Necker pour qu’enfin on sache. « Le professeur a fait marcher mon fils. Il l’a bien regardé. Puis il m’a demandé de marcher. Ce médecin avait tout compris. Notre fils avait hérité du gène de ma maladie dont j’ignorais l’origine à l’époque », se souvient Paul qui souffre de paraplégie spastique.

La famille surmonte l’épreuve, soudée, dans l’ambiance folle des années 1970-1980. Thoiry est une ruche à idées. On s’arrache Paul qui narre ses anecdotes animalières, les charges d’éléphant auxquelles il a survécu, ses expéditions, ses rencontres avec le président ivoirien Houphouët-Boigny ou le Gabonais Bongo.

Avec Annabelle, ils sont le couple à la mode, aux conversations délicieuses et à l’érudition fine. Les invités de prestige défilent dans le salon du château. André Malraux, Raymond Devos, Marcel Achard, Moshe Dayan… s’y arrêtent avant d’approcher les animaux. Brigitte Bardot pose avec les autruches.

De ce demi-siècle merveilleux, parfois baroque, ils ne confessent que peu de crises. Toutes surmontées. Même la jalousie s’est arrêtée aux portes du château familial dont les portes se referment sur le visiteur, laissant les amants au coin du feu, un livre à la main.

Par Mehdi Gherdane
Le 12 février 2022 à 11h46

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