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In memorian Jeanne-Thé FLOC'H

28 septembre 2024 Ancienne / Ancien
Publié par Flore FIRINO MARTELL
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« VOUS M’AVEZ AIDE A ÊTRE LA FEMME QUE JE SUIS »

Par Flore Firino Martell (Guiche 70-74)

Ma chère Jeanne-Thé, mon cher Jean,

Les disparitions de ceux que l’on aime, sont l’occasion de réfléchir à tout ce qu’ils vous ont apporté.

Et quand je pense à Jeanne-Thé et Jean (indissociables dans mon cœur), quel héritage ! me dis-je.

 

 

De 15 à 18 ans, on se construit, et c’est VOUS, qui à l’École des Roches,  m’avez aidé à devenir la femme que je suis, lorsque j’étais loin de mes parents.

 

Quand vous avez été nommés chefs de maison de la Guichardière, nous étions des petits chats écorchés, un peu perdues au milieu de tant de garçons.

 

Tout de suite, vous avez su instaurer un climat de confiance, et surtout, un véritable dialogue. Grâce à vous, j’ai vite compris dans cette mixité balbutiante d’à peine deux ans, que « les filles ne comptent pas pour des prunes » et que les garçons que vous appeliez « les jeunes chiots », devaient impérativement nous traiter avec respect, sans moquerie et sans gestes ni paroles déplacés.

 

Nous nous sentions comprises, et vous avez réussi cet exploit, de nous faire mieux comprendre et mieux aimer les garçons, dans le bouillonnement de l’adolescence, si différent chez les uns et chez les autres.

 

Par la suite, vous avez accueilli avec bienveillance nos « grands coups de cœur », et toujours défendu nos choix auprès de nos parents : quels avocats ! On n’avait jamais envie de vous cacher quoique ce soit.

 

Mais plus que tout, je réalise que ce climat de confiance et de grande affection que vous aviez installé, vous a permis de mettre « la barre très haut », dans votre niveau d’exigence à l’égard de certaines dont je fais partie avec Christine Dodier, Elisabeth Gaffié et Stéphanie Garandeau (entre autres). Entre 15 et 16 ans nous étions devenues « capitaine », responsables d’une dizaine de filles. Un vrai défi, car « nos »  filles étaient bien jeunes, et comptaient sur leur capitaine pour tout.

 

Cet engagement, que nous avons empoigné à bras le corps, n’est pas né spontanément. Je viens de relire l’ensemble de mes bulletins scolaires, et sur chacun, j’avais le droit à un commentaire du chef de maison (vous, en l’occurrence !). Ils disaient, « Flore a su acquérir de la maturité et le sens des autres. Nous comptons BEAUCOUP sur elle l’an prochain », « nous faisons confiance à Flore, bien reposée par ses vacances, pour maintenir la tenue, l’ordre et le bon esprit de la Guichardière », « Flore nous aide beaucoup à conserver l’harmonie de la Guiche ». Comment  pouvais je ne pas m’investir dans la vie de la « Guiche » ?

 

Une fois passées ces merveilleuses années à l’école des Roches, vous nous avez toujours suivi, sans jamais nous culpabiliser, si nous nous étions un peu éloignées. Chaque coup de fil passé, semblait vous apporter une joie indicible, et follement communicative.

 

Et à ce moment avec vous, nous nous sentions « UNIQUES ».

 

Ma chère Jeanne-Thé, si je me suis souvent confiée à vous, comme à une seconde mère, vous vous êtes un jour confiée à moi dans l’une de vos lettres. Permettez-moi de partager ces quelques lignes avec toutes celles et tous ceux qui vous ont tant aimé : « Essaie de parler à tes parents. Quand on est très jeune, une certaine pudeur nous empêche de tout leur dire (ou presque tout), et quand ils ne sont plus là pour nous écouter, on se rend compte qu’ils ont dû en souffrir, en laissant passer des moments de tendresse, d’échanges de cœur à cœur et donc de bonheur. Et tu vois Florish chérie, je trouve que nous, « Faux Parents », n’ayant pas nos propres enfants, nous sommes très gâtés car vous vous êtes confiés à nous. Vous nous parlez et parfois, il suffit d’un mot ou même d’un clin d’œil pour qu’une complicité et une compréhension s’établissent. Cela aide à cicatriser certaines blessures ».

 

Ma chère Jeanne-Thé, vous avez mis la patience légendaire de Jean à rude épreuve, en le faisant attendre toutes ces années. 

Et je remercie Jean pour cette patience, qui vous a permis d’être parmi nous si longtemps avec intact, votre fabuleux capital mémoire.

 

Avec vous dans mon cœur, j’aurai toujours 15 ans, et c’est merveilleux !

 

Florish




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